Sonia – Partie 1 :
Raison de la consultation/antécédents
Sonia est une femme autochtone de 35 ans qui consulte à l’urgence d’un hôpital du centre-ville pour fièvre et frissons.
Subjectif
Au cours des douze derniers jours, Sonia a remarqué une baisse graduelle de son niveau d’énergie, et depuis quatre jours, elle présente de la toux, de la fièvre et un essoufflement persistant. Elle s’est présentée à l’urgence de l’hôpital local à cause de la fièvre et de la transpiration. Pendant l’examen, le médecin découvre que Sonia a des antécédents familiaux de maladie cardiaque et d’épilepsie et qu’elle prend des anticonvulsivants pour maîtriser ses crises de grand mal. Elle n’a pas de médecin de famille. Elle a été vue précédemment dans des cliniques sans rendez-vous et des services ambulatoires et, par conséquent, ses dossiers de santé ne sont pas centralisés.
Sonia est une travailleuse communautaire qui aide les gens à obtenir un logement abordable. Elle vit seule à l’extérieur de la réserve, et les membres de sa famille vivent assez loin dans une communauté accessible par avion seulement. Elle est devenue trop faible pour prendre soin d’elle-même et a été incapable de travailler depuis au moins deux semaines. L’organisme à but non lucratif où elle travaille offre des congés de maladie limités. Elle dit avoir consommé de la marijuana et à l’occasion des drogues injectables, surtout de l’héroïne, au cours de l’année écoulée. Elle bénéficie d’un régime d’assurance médicaments du Ministère des Affaires autochtone. Elle déclare au personnel de l’urgence « je me sens très mal depuis un certain temps, je veux savoir ce qui se passe et je veux reprendre mes activités. »
Objectif
À l’examen physique, Sonia a 39 °C de fièvre. Elle est amaigrie pour sa taille et on voit de multiples signes d’injections aux bras. On note une lymphadénopathie. Sa radiographie pulmonaire montre des infiltrats interstitiels bilatéraux diffus. Elle est hospitalisée. L’équipe multidisciplinaire reçoit une demande de consultation afin « d’évaluer, traiter et planifier le congé ».
Signes vitaux : Fréquence respiratoire 28, tension artérielle 105/70, fréquence cardiaque 127 battements par minute, saturation en oxygène 94 % sous 3 litres d’oxygène/min par lunette nasale.
Cardiorespiratoire : À l’auscultation, diminution généralisée des bruits respiratoires, mais particulièrement aux deux bases, ce qui suggère une restriction de l’entrée d’air. La toux est volontaire, faible, sèche et non productive, et provoque de la douleur. Aucun souffle cardiaque.
Musculosquelettique : La patiente se plaint de douleur aux rebords costaux des deux côtés et les muscles intercostaux sont sensibles à la palpation des dernières côtes, des deux côtés également.
Mobilité et fonction : Piètre mobilité – requiert l’aide modérée d’une personne pour tous les transferts et pour franchir de courtes distances (environ 5 à 10 mètres) jusqu’à la salle de bains.
Activités de la vie quotidienne (AVQ) : A besoin de l’aide d’une personne pour ses soins personnels (s’habiller et faire sa toilette).
Cognition : Reconnaît les personnes et les endroits. Moins bien orientée dans le temps (mois et année). Semble confuse et agitée à certains moments.
Les résultats des premières analyses de laboratoire indiquent une septicémie, les analyses sanguines subséquentes confirment que Sonia est VIH-positive (nouveau diagnostic) : numération des CD4 : 50 cellules/mm3; charge virale : 500 000 copies/mL de sang.
Questions d’orientation
1. Étant donné la radiographie pulmonaire de Sonia et les résultats de son examen physique, quel serait selon vous le diagnostic?
Notes : Infiltrats interstitiels bilatéraux et toux sèche pourraient être les signes d’une pneumonie à Pneumocystis carinii (PPC). Il s’agit d’une maladie associée au VIH. Étant donné le nouveau diagnostic de VIH, la numération des CD4 de Sonia est assez basse, elle est donc immunodéprimée et plus sujette aux infections opportunistes comme la PPC.
2. Pourquoi croyez-vous que Sonia a subi un test de VIH? De quoi tient-on compte pour procéder au test de VIH?
Notes : Ses antécédents d’utilisation de drogues par injection, de même que certains de ses symptômes pourraient suggérer qu’elle est à risque à l’égard du VIH. Lors du dépistage, il est important de tenir compte des « 3 C » : counselling, consentement et confidentialité. Il faut s’assurer que Sonia a reçu tous les renseignements nécessaires au sujet des tests et qu’elle y a consenti. On ne précise pas dans le cas de Sonia si les 3C ont été appliqués pour le test.
3. Quelles sont certaines des (a) incapacités, (b) limitations d’activités et (c) restrictions de participation actuelles de Sonia?
Notes : Tenir compte des enjeux physiques, cognitifs, sociaux, émotionnels et psychologiques en présence et les classer à l’aide du cadre de classification internationale du fonctionnement (CIF).
En voici quelques exemples :
- Incapacités : baisse de la saturation en oxygène, essoufflement, diminution de la ventilation pulmonaire générale, douleur, atteinte cognitive (au plan de l’orientation dans le temps, confusion et agitation), perte de poids, faiblesse. Sonia peut aussi éprouver plus d’anxiété, d’incertitude et de stress entourant la nouvelle de son nouveau diagnostic de VIH en conjonction avec ses problèmes de santé courants (PPC et septicémie) et de ses incapacités potentielles dues au sevrage de drogues.
- Limitations des activités : baisse de la mobilité, difficultés avec les AVQ pour les soins personnels, y compris s’habiller et faire sa toilette, diminution de la résistance lors des activités.
- Restrictions de participation : incapacité de travailler, baisse de revenu, risque potentiel de perdre son logement si elle n’obtient pas de soutien au revenu, risque d’aliénation culturelle par rapport à sa communauté autochtone.
4. Quels facteurs personnels et environnementaux pourraient influer sur les incapacités de Sonia et son aptitude à recevoir son congé?
Notes : Elle a des antécédents de toxicomanie, qui pourraient exacerber ses problèmes de santé. Elle semble manquer de soutien social (elle vit seule, et sa famille vit dans une autre province). Elle s’inquiète du dévoilement de son statut VIH dans son cercle social. Ces enjeux soulèvent des problèmes pour son congé et sa capacité de fonctionner de manière autonome lorsqu’elle retournera chez elle. Étant donné qu’elle ne travaille pas actuellement, elle pourrait avoir des problèmes de revenu et éprouver de la difficulté à rester autonome financièrement. Elle reçoit de l’aide du régime d’assurance médicaments et du ministère des Affaires autochtones. Elle pourrait aussi souffrir d’aliénation culturelle et d’une stigmatisation potentielle de la part de la communauté autochtone en lien avec son diagnostic et son identité de genre.
5. De quels autres facteurs faut-il tenir compte?
- Nutrition : y a-t-il des enjeux concernant la perte de poids, les habitudes alimentaires ou autres besoins (p. ex., sécurité alimentaire)? Suggérer une consultation en diététique. Si approprié et nécessaire, aborder l’option des banques alimentaires/popotes/paniers de nourriture/programmes de cuisine communautaires (qui servent également de soutien social).
- Faire le point sur le sommeil et la gestion du repos/stress. Au besoin, faire un suivi avec un dépliant, une discussion ou une consultation sur l’hygiène du sommeil.
- Déterminer si la cliente dispose d’un mode de communication fiable pour assurer le contact avec les professionnels de la santé. Les solutions de rechange pourraient inclure une ligne terrestre, un téléphone cellulaire, ou laisser des messages à un ami ou un parent qui est en contact régulier avec elle.
6. Quels sont certains des objectifs de réadaptation à court et à long terme pour Sonia?
Notes : Tenir compte des valeurs et préférences de la patiente, et des principes de décision partagée au moment d’aborder et d’établir les objectifs. Utiliser le principe SMART (spécifique, mesurable, accessible, réaliste et situé dans le temps).
Plusieurs des objectifs en lien avec son état cardiorespiratoire seront à court terme :
- Augmenter la ventilation aux plages pulmonaires en 1 jour, mesurée par l’augmentation des bruits respiratoires des deux côtés.
- Réduire la douleur à la toux en 1 journée, mesurée par une baisse de la douleur à l’échelle analogique visuelle.
- Franchir une distance de 25 mètres avec une aide minime ou un déambulateur en 1 journée.
- Devenir autonome au plan des AVQ (s’habiller, faire sa toilette, prendre son bain) en 1 semaine.
Les objectifs de la réadaptation à long terme pourraient concerner son congé éventuel de l’hôpital et inclure :
- Franchir 100 mètres de façon autonome lors de son congé de l’hôpital en 1 semaine.
- Gravir et descendre les escaliers de manière autonome au moment de son congé de l’hôpital en 1 semaine.
- Comprendre les implications de son nouveau diagnostic de VIH (y compris les options thérapeutiques et les services de soutien) en 3 mois.
- Retourner à son poste de travailleuse communautaire selon son état après son congé.
- Évaluer Sonia avant le congé hospitalier pour déterminer son admissibilité et ses besoins en matière de soins à domicile. Si elle est admissible et que les besoins le justifient, les services de soins à domicile devraient commencer dès la date du congé.
7. Quelles stratégies thérapeutiques de réadaptation pourraient être utilisées pour cibler les incapacités, limitations d’activités et restrictions de participation de Sonia?
Notes : Tenir compte des valeurs et préférences de la patiente et des principaux enjeux médicaux au moment d’aborder les stratégies thérapeutiques. Il est important que les stratégies utilisées pour répondre à ses besoins tiennent compte de la CIF. En établissant les objectifs adaptés à ses incapacités, on peut améliorer ses limitations d’activités et ses restrictions de participation. Envisager le recours à la prise de décision partagée au moment de prioriser les options/stratégies de traitement, et en fournir la justification. Certaines interventions thérapeutiques pour combler ses besoins à court terme pourraient inclure : exercices de respiration diaphragmatique, utilisation d’une compression lors de la toux, déambulation fonctionnelle avec un dispositif d’aide au besoin, exercices de renforcement (isométriques et concentriques), pratique des AVQ progressives (p. ex., réduction quotidienne de l’aide requise pour le bain et l’habillage). Considérer les éléments de la réadaptation qui pourraient être pris en charge par Sonia et ceux qui requièrent les services de la réadaptation. Elle pourra aussi avoir besoin d’aide avec les AVQ instrumentales (AVQi) comme les emplettes lors du congé immédiat. Elle pourrait aussi bénéficier de rampes, d’équipement pour le bain et d’un enseignement sur les techniques de conservation de l’énergie.
La tenue de dossiers (p. ex., suivi des exercices, médicaments et autres techniques d’autoprise en charge) pourrait aider Sonia à maintenir ses objectifs. Si Sonia se sent dépassée, lui suggérer de se fixer un objectif par jour pour se donner une raison de sortir du lit. D’autres stratégies pourraient inclure tenir un journal, surtout pour identifier les éléments à aborder lors du prochain rendez-vous médical. Tous les clients devraient être encouragés à pratiquer une certaine forme d’activité cognitive (p. ex., lecture, jeux de lettres, ou jeux sur leur cellulaire).
Certaines interventions visant des objectifs à long terme pourraient inclure : consultations en travail social et/ou auprès d’un médecin spécialiste du VIH en raison du nouveau diagnostic de VIH, consultation auprès de spécialistes de la réadaptation professionnelle pour faciliter le retour au travail, consultation en toxicomanie pour aborder la problématique et les pratiques d’injection sécuritaire, liens vers des services appropriés en cas de problèmes de santé mentale potentiels et soutien social requis entourant le nouveau diagnostic, et liens vers des organismes communautaires qui pourraient être spécifiques aux femmes et aux communautés autochtones selon le cas.
8. Quels types de documents ou d’information l’équipe pourrait-elle fournir à Sonia au sujet de la promotion de la santé, de la prévention, des soins, du traitement et du soutien?
Notes : Lorsque Sonia sera rétablie de sa PPC, elle aura besoin de renseignements au sujet de son nouveau diagnostic de VIH, et de consultations pour des soins spécialisés. Elle sera probablement mise en contact avec un infectiologue de l’hôpital. Elle pourrait avoir besoin de soutien psychosocial pour l’aider à composer avec la nouvelle de son nouveau diagnostic de VIH et pour s’y retrouver dans le système et les choix entourant les options thérapeutiques, l’accès aux services, les pratiques d’injection sécuritaire et les stratégies de promotion de la santé. Tout counselling post-test devrait aussi inclure des enjeux juridiques tels que dévoilement et prévention de la transmission du VIH. D’autres liens communautaires pourraient inclure des organismes communautaires de lutte contre le VIH (OCLV) pour les personnes autochtones et les femmes vivant avec le VIH. Beaucoup bénéficient des programmes d’entraide. Entre autres exemples des contenus offerts par les services d’entraide, mentionnons la discussion sur le nouveau diagnostic, les partages sur l’anxiété, l’aide à l’exercice et d’autres thèmes. Si la consultation se fait auprès d’un programme de soutien non-VIH, ce dernier devrait faire l’objet d’une vérification de ses politiques entourant la discrimination et il faudrait avoir une discussion sur la nécessité ou non de dévoiler le statut VIH.
9. Quels autres services de santé ou sociaux seraient utiles à Sonia? Et pourquoi?
Notes : Identifier les services et les fournisseurs qui pourraient aider Sonia avec ses incapacités, limitations d’activités et restrictions de participation, et son nouveau diagnostic de VIH. Considérer la façon dont la demande de consultation auprès des autres fournisseurs de services se ferait. Tenir compte des obstacles que Sonia pourrait rencontrer en tentant d’accéder à ces services. Comment pourriez-vous défendre les intérêts de Sonia afin qu’elle ait un meilleur accès aux services requis?
Sonia aura besoin de consulter en infectiologie en raison de son nouveau diagnostic de VIH pour des renseignements (modes de transmission, options thérapeutiques disponibles, etc.), et en travail social pour l’orienter vers les services de soutien disponibles auxquels elle pourrait s’adresser, par exemple :
Un conseiller en toxicomanie pour l’aider et la renseigner sur les pratiques sécuritaires d’injection afin de réduire le risque de transmission du VIH.
- Une travailleuse sociale peut aider Sonia à entrer en lien avec d’autres sources pour un soutien psychologique et social. Des liens potentiels pour le soutien au revenu si elle ne travaille pas, et de l’aide pour s’assurer qu’elle puisse conserver son logement pendant qu’elle ne travaille pas.
- Un spécialiste de la réadaptation professionnelle ou une ergothérapeute pour l’aider à retourner au travail lorsqu’elle sera prête.
- Un lien vers un organisme communautaire de lutte contre le VIH au sujet des services de soutien dans la région de Sonia et plus spécifiquement, toute ressource à l’intention des populations autochtones et des femmes.
- Un lien vers une association communautaire de patients souffrant d’épilepsie pour l’aider à continuer de soigner l’épilepsie avec laquelle elle vit depuis plusieurs années, à la lumière de son récent diagnostic de VIH.
10. À propos de quels enjeux Sonia pourrait-elle avoir besoin que vous défendiez ses intérêts?
Notes : Sonia aura probablement besoin d’assistance pour entrer en lien avec les services qui l’aideront à composer avec son nouveau diagnostic, y compris, un médecin de famille qui connaît le VIH. Elle pourrait avoir besoin d’assistance pour accéder à la réadaptation dans une clinique de jour (centre de santé ou clinique externe de l’hôpital) au besoin. Éventuellement, elle aura besoin d’assistance pour accéder à la réadaptation professionnelle quand elle retournera au travail, le cas échéant. Le défi sera de coordonner tous ces professionnels de la santé et organismes communautaires en fonction des besoins de Sonia, sans l’écraser sous la multitude d’enjeux médicaux et sociaux auxquels elle est confrontée, préférablement par l’entremise d’un organisme de services pour les femmes autochtones afin de prévenir des formes potentielles d’aliénation culturelle ou de stigmatisation.
Sonia – Partie 2
Partie 2 : Quatre mois plus tard…
Raison de la consultation/antécédents
Sonia a reçu son congé de l’hôpital après sa première admission et a été mise en contact avec un omnipraticien qui soigne le VIH. Elle a commencé un traitement antirétroviral (TAR). Pendant ce temps, son loyer a pris du retard. Elle a perdu son appartement et a dû trouver une place dans un refuge pour femmes. Elle n’est pas encore retournée au travail. Elle est très perturbée par son diagnostic de VIH et a été incapable d’exercer le suivi auprès des professionnels de la santé recommandés parce que son service de téléphonie cellulaire a été annulé pour non-paiement.
Quatre mois plus tard, on transfère Sonia d’un centre de désintoxication à l’urgence pour des convulsions incontrôlées. Les médecins de l’urgence lui administrent un anticonvulsivant. Sonia s’est suffisamment rétablie pour retourner au refuge pour femmes. Douze heures plus tard, elle est de nouveau à l’urgence pour des convulsions.
Subjectif
Sonia a très peu pris ses médicaments pour le VIH et pour l’épilepsie et elle ne s’est pas présentée à ses rendez-vous médicaux en raison d’une augmentation de sa consommation de drogues, compliquée par ses problèmes de logement et de téléphonie. Elle ne peut pas rajouter de minutes à son forfait de cellulaire. Elle dit qu’elle est dépassée par tous ses problèmes de santé et qu’elle a besoin d’aide pour se remettre sur pied.
Objectif
La TDM révèle des anomalies et une analyse sérologique de dépistage de l’antigène cryptococcique confirme que Sonia souffre d’une méningo-encéphalite cryptococcique (sa seconde maladie associée au diagnostic de sida).
Elle présente une maladie au VIH avancée, avec une charge virale > 500 000 copies d’ARN/mL et une numération des CD4 de 1 cellule/mm3. Elle montre également des signes de cachexie (86-94 livres [40-43 kg]).
Sonia a été hospitalisée et on lui a prescrit de fortes doses d’antifongiques (amphotéricine B suivie de fluconazole).
Elle a rapidement perdu conscience et sa tension artérielle est devenue très élevée. Au réveil, elle souffrait de dysphagie, de dysarthrie et de déficits cognitifs graves (elle a arraché son accès veineux central à deux reprises), de troubles d’élocution, sa démarche était instable (nombreuses chutes) et sa sensibilité à la main et à l’avant-bras droits était réduite (elle a échappé plusieurs objets car elle est droitière). Elle a parfois du mal à se situer (temps, lieu, reconnaissance des personnes).
Selon le rapport de l’orthophonie, Sonia mastiquait ses aliments pendant « une période significativement longue ». Les derniers commentaires recommandaient une « alimentation selon tolérance avec des liquides clairs ». L’utilisation de pailles a été recommandée pour Sonia et on a surveillé sa capacité de s’éclaircir la gorge. Des évaluations en ergothérapie et en physiothérapie ont été demandées.
Questions d’orientation
1. Qu’est-ce que la méningo-encéphalite cryptococcique?
Notes : Maladie neurologique associée au diagnostic du sida.
2. Quelles sont certaines des (a) incapacités, (b) limitations d’activités et (c) restrictions de participation actuelles de Sonia?
Notes : Tenir compte des défis physiques, cognitifs, sociaux, émotionnels et psychologiques en présence et les classer à l’aide du cadre de la CIF.
En voici quelques exemples :
- Incapacités : tout problème affectant une structure ou une fonction de l’organisme (p. ex., dysphagie, dysarthrie, atteinte cognitive, troubles d’élocution, diminution de l’équilibre, diminution de la sensibilité de la main et de l’avant-bras droits, diminution potentielle de la force de la main et du bras droits).
- Limitations d’activités : diminution de la mobilité, troubles de déglutition, réduction de la capacité de saisir des objets, chutes.
- Restrictions de participation : baisse de revenus, assurance médicaments, sans-abrisme, chômage.
3. Quels facteurs personnels et environnementaux pourraient influer sur les incapacités de Sonia et son aptitude à recevoir son congé?
Notes : Sa toxicomanie peut exacerber ses problèmes de santé; manque potentiel de soutien social, assurance médicaments et services du ministère des Affaires autochtones, baisse de revenu, sans-abrisme, stigmatisation potentielle de la part de sa communauté autochtone.
4. De quels autres facteurs faut-il tenir compte?
- Déterminer si la cliente a un mode de communication fiable pour assurer le contact avec les professionnels de la santé. Les solutions de rechange peuvent inclure une ligne terrestre, un téléphone cellulaire, laisser des messages à un ami ou un proche en contact régulier avec elle.
- Vérifier la prise de médicaments (VIH et autres). L’observance thérapeutique peut être améliorée au moyen d’emballages thermoformés ou d’une stratégie de tenue de dossiers (p. ex., alertes téléphoniques).
5. Quels sont certains des objectifs de réadaptation pour Sonia?
Notes : Tenir compte des valeurs et préférences de la patiente, et des principes de prise de décision partagée au moment d’aborder et d’établir les objectifs. Utiliser le principe SMART.
- Être capable d’être bien orientée par rapport aux personnes, aux lieux et au temps en 3 jours.
- Être capable de franchir une distance de 100 mètres de manière autonome avec une canne ou un déambulateur en 1 semaine.
- Être capable de s’acquitter des AVQ (s’habiller, prendre son bain, faire sa toilette) de manière autonome en 1 semaine.
- Être capable d’avaler ses comprimés de manière sécuritaire sans avoir à les écraser en 1 semaine.
- Être capable d’avaler des aliments mous et des liquides clairs sans danger sous supervision en 1 semaine.
- Être capable de parler intelligiblement avec l’aide d’un partenaire de communication en 3 jours.
6. Quelles stratégies de traitement de réadaptation pourrait-on utiliser pour cibler les incapacités, les limitations d’activités et les restrictions de participation de Sonia?
Notes : Tenir compte des valeurs et préférences de la patiente au moment d’aborder les stratégies thérapeutiques. Envisager un processus de prise de décision partagée au moment de prioriser les options/stratégies thérapeutiques, et en fournir la justification. Il est important que les stratégies utilisées pour ses incapacités tiennent compte de la CIF. En établissant des objectifs adaptés à ses incapacités, on peut améliorer ses limitations d’activités et ses restrictions de participation. Certaines interventions thérapeutiques pourraient inclure des exercices d’étirement, de renforcement, la déambulation fonctionnelle, le maintien de l’équilibre, l’exécution fonctionnelle des AVQ, comme prendre son bain, s’habiller et manger, reconditionnement cognitif, modification de la texture des aliments, entraînement à l’alimentation, exercices d’élocution.
La tenue de dossiers (p. ex., suivi des exercices, des médicaments et autres techniques d’autoprise en charge) pourrait aider la cliente à maintenir ses objectifs. Si Sonia se sent dépassée, lui suggérer de se fixer un objectif par jour pour lui donner une raison de se lever. D’autres stratégies pourraient inclure la tenue d’un journal, surtout pour identifier les éléments à aborder lors du prochain rendez-vous médical. Tous les clients devraient être encouragés à pratiquer une forme d’activité cognitive (p. ex., lecture, jeux de lettres, ou jeux sur leur cellulaire).
7. Quels types de documents ou d’information l’équipe pourrait-elle fournir à Sonia au sujet de la promotion de la santé, de la prévention, des soins, du traitement et du soutien?
Notes : Une fois qu’elle sera remise de sa méningo-encéphalite cryptococcique, Sonia aura besoin de beaucoup d’aide au plan du logement et de la reprise de ses médicaments pour le VIH et l’épilepsie. Il faudra la mettre en lien avec un infectiologue de l’hôpital encore une fois et d’autres services de soutien communautaire pour l’aider à régler son problème de logement (ce qui aura un impact sur sa capacité de conserver et de prendre adéquatement ses médicaments pour le VIH et l’épilepsie). D’autres liens communautaires pourraient inclure un OCLV, particulièrement si une organisation locale s’intéresse aux personnes autochtones et aux femmes vivant avec le VIH.
8. Quels autres services de santé ou sociaux seraient utiles à Sonia? Et pourquoi?
Notes : Identifier les autres services et fournisseurs qui pourraient aider Sonia avec ses incapacités, limitations d’activités et restrictions de participation et la nouvelle de son nouveau diagnostic de VIH. Considérer la façon dont la demande de consultation auprès des autres fournisseurs de services se ferait. Tenir compte des obstacles que Sonia pourrait rencontrer en tentant d’accéder à ces services. Comment pourriez-vous défendre les intérêts de Sonia afin qu’elle ait un meilleur accès aux services requis?
Sonia bénéficierait des consultations suivantes :
- Un infectiologue pour son nouveau diagnostic de VIH (modes de transmission, options thérapeutiques disponibles, etc.) et une consultation en travail social pour de l’enseignement et envisager les formes de soutien disponibles dont elle pourrait bénéficier.
- Une spécialiste des toxicomanies pourrait l’aider en lien avec l’augmentation de sa consommation de substances et lui fournir des renseignements sur des pratiques d’injection sécuritaires.
- Une travailleuse sociale pourrait aider Sonia à entrer en contact avec d’autres ressources en santé mentale et sociale, et pour l’aide au revenu. Une travailleuse sociale pourrait aussi l’aider avec ses options au plan du logement, compte tenu de sa nouvelle situation, en l’aidant à trouver un refuge (si besoin, à court terme) ou un logement abordable.
- Une diététiste pour l’aider à combler ses besoins nutritionnels et une orthophoniste pour une réévaluation et une intervention axée sur le langage et la déglutition.
- En physiothérapie et en ergothérapie pour continuer d’améliorer la force préhensile, la mobilité, l’équilibre, la force, la cognition et les AVQ.
- Un spécialiste de la réadaptation professionnelle pour faciliter son retour au travail.
- Une prise de contact avec un OCLV pour en apprendre plus sur les services de soutien locaux accessibles à Sonia et plus spécifiquement, sur les ressources spécifiques aux personnes autochtones et aux femmes. Accès à un OCLV offrant un bon service d’entraide ou une coordonnatrice au soutien et/ou un programme pour l’aider à s’y retrouver dans le système de la réadaptation.
- Un lien vers une association communautaire de patients souffrant d’épilepsie pour l’aider à continuer de se soigner l’épilepsie avec laquelle elle vit depuis plusieurs années, à la lumière de son récent diagnostic de VIH.
9. À propos de quels enjeux Sonia pourrait-elle avoir besoin que vous défendiez ses intérêts?
Notes : Sonia pourrait avoir besoin d’un soutien continu pour la défense de ses intérêts en matière de logement, de soutien au revenu et, il est à espérer, pour son retour au travail (envisager un retour au travail à temps partiel ou affectée à d’autres tâches).
Prise en charge médicale – recommandations de l’infectiologue pour Sonia – Partie 1
Évaluation : Sonia souffre fort probablement de PPC, mais elle pourrait également avoir un autre type de pneumonie, une infection fongique, la tuberculose (TB) et/ou une endocardite avec embolie pulmonaire septique. Cette personne est exposée à un risque très élevé de plusieurs problèmes de santé.
Plan :
Prise en charge de la maladie :
- Soins aigus en réanimation/soins de soutien : liquides IV, antibiotiques à large spectre couvrant la PPC. Culture d’expectoration avec test d’immunofluorescence directe, hémocultures et échocardiogramme requis.
- Isolement aérogène et recherche de bacilles acido-résistants dans les expectorations compte tenu du risque de TB également. En cas de résultat négatif, suivi avec tests de TB cutanés une fois la maladie aiguë résolue.
- Surveiller et traiter le sevrage de drogues.
- Consulter l’équipe d’infectiologie ou un spécialiste local du VIH (selon le cas) pour la mettre en contact avec les ressources locales.
- Consulter en physiothérapie, ergothérapie et travail social puisque la patiente semble significativement déconditionnée et pourrait nécessiter plus d’aide ou de réadaptation avant de retourner à domicile.
Prise en charge à long terme :
- Commencer le TAR et assurer le suivi avec un médecin de famille local qui connaît le VIH ou avec un infectiologue pour les prises de sang, l’évaluation des médicaments et le soutien réguliers.
- Counselling en toxicomanie, envisager un suivi en psychologie pour gérer non seulement les dépendances, mais aussi le nouveau diagnostic de VIH.
- Enseignement au sujet du VIH et des risques de transmission.
- S’assurer que la patiente a été évaluée pour ce qui est d’autres maladies à diffusion hématogène, comme l’hépatite B et l’hépatite C.