La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) de l’Organisation mondiale de la santé1 nous est utile pour réfléchir au rôle de la réadaptation dans le contexte du VIH2-4.
Les problèmes de santé (boîte du haut) sont souvent visés par les soins et les traitements pour le VIH, tandis que la CIF s’intéresse à la vaste gamme de défis occasionnés par les problèmes de santé et ciblés par la réadaptation (boîtes 3-5).
Le modèle a été conçu pour tous les types de maladies et de fonctionnement, non seulement pour le VIH. Il utilise une langue commune aux médecins, aux gestionnaires, aux décideurs et à quiconque s’intéresse aux modèles de soins.
Figure 1.3 : Modèle de la CIF
Figure 1.3 : Modèle de la CIF la description
Le modèle est présenté sur quatre lignes.
Dans la ligne du haut, une boîte rouge est intitulée Problèmes de santé (Maladies ou affections).
Cette boîte décrit les diagnostics médicaux, les maladies ou les blessures possibles chez une personne. Pour une personne vivant avec le VIH, cela pourrait représenter une combinaison des éléments suivants :
- VIH (p. ex., le virus cible directement les systèmes immunitaire ou neurologique)
- Maladies liées au VIH (p. ex., TB, pneumonie à Pneumocystis carinii, syndrome de Kaposi)
- Diagnostics liés au TAR (p. ex., neuropathie périphérique)
- Diagnostics non liés au VIH (p. ex., sclérose en plaques, traumatisme des suites d’un accident de la route)
La deuxième ligne regroupe trois boîtes. On y décrit les impacts des problèmes de santé sur l’expérience de vie. La réadaptation cible ces impacts.
Les trois boîtes qui résument les impacts sur l’expérience de vie sont :
Boîte no 1 : Les incapacités sont des problèmes de fonctionnement (fonctionnement physiologique des systèmes de l’organisme et impacts psychologiques) ou de structure (fonctionnement anatomique) physiques, p. ex., muscles abdominaux faibles, pertes de mémoire, hypertonicité du côté droit, congestion pulmonaire.
Boîte no 2 : Les limitations d’activités sont des problèmes liés à l’exécution de tâches ou de gestes (p. ex., s’habiller, se rendre à pied à la clinique, porter son enfant, communiquer avec un voisin).
Boîte no 3 : Les restrictions de participation sont des problèmes qui surviennent dans des situations de vie (p. ex., être exclu de l’école, avoir de la difficulté à fréquenter son lieu de culte, se sentir stigmatisé au travail, éprouver des problèmes liés à la parentalité).
À ce niveau, les problèmes sont bidirectionnels. Cela signifie qu’un défi à un niveau peut se répercuter à n’importe quel autre niveau. Par exemple :
La neuropathie périphérique (problème de santé) qui cause une douleur aux deux jambes (incapacité) peut limiter la capacité de se rendre à pied à la banque (limitation d’activité) qui, en retour, peut limiter la capacité de gérer les finances du ménage (restriction de participation).
La stigmatisation liée à la séropositivité peut entraîner l’exclusion de l’équipe de football (restriction de participation) qui réduit l’activité physique (limitation d’activité) et peut aboutir à une baisse de l’endurance et de la force (incapacités)
La troisième ligne regroupe les facteurs contextuels.
Les facteurs contextuels influencent ou forgent les expériences personnelles relatives aux impacts de ces problèmes de santé sur la vie.
Les facteurs environnementaux font partie des attitudes et de l’environnement physique et social propres au milieu dans lequel vivent les gens (p.ex., stigmatisation face au VIH, escaliers plutôt que rampes à l’extérieur de la clinique, lois qui criminalisent certains comportements liés au VIH). Ces facteurs contextuels incluent les déterminants sociaux de la santé (p. ex., hébergement, sécurité alimentaire et accès à l’emploi).
Les facteurs personnels sont propres à chaque individu (p. ex., genre, âge, capacité d’adaptation, éducation et antécédents médicaux).
Numéro de boîte | La description |
---|---|
1 |
Cette boîte décrit des diagnostics médicaux, des maladies ou des blessures possibles chez une personne. Pour une personne vivant avec le VIH, cela pourrait être une combinaison des éléments suivants : VIH (p. ex., le virus cible directement les systèmes immunitaire ou neurologique) Maladies liées au VIH (p. ex., TB, pneumonie à Pneumocystis carinii, sarcome de Kaposi) Diagnostics liés au TAR (p. ex., neuropathie périphérique) Diagnostics non liés au VIH (p. ex., sclérose en plaques, traumatisme des suites d’un accident de la route) |
2 |
Cette ligne décrit les impacts des problèmes de santé sur l’expérience de vie. La réadaptation cible ces impacts. |
3 |
Les incapacités sont des problèmes physiques de fonctionnement (fonctionnement physiologique des systèmes de l’organisme et impacts psychologiques) ou de structure (fonctionnement anatomique), p. ex., muscles abdominaux faibles, pertes de mémoire, hypertonicité du côté droit, congestion pulmonaire. |
4 |
Les limitations d’activités sont des problèmes liés à l’exécution de tâches ou de gestes (p. ex., s’habiller, se rendre à pied à la clinique, porter son enfant, communiquer avec un voisin). |
5 |
Les restrictions de participation sont des problèmes qui surviennent dans des situations de vie (p. ex., être exclu de l’école, avoir de la difficulté à fréquenter son lieu de culte, se sentir stigmatisé au travail, éprouver des problèmes liés à la parentalité). |
6 |
Notez que les flèches sont bidirectionnelles. Cela signifie qu’une difficulté à un niveau, peut se répercuter à n’importe quel autre niveau. Par exemple : La neuropathie périphérique (problème de santé) qui cause une douleur aux deux jambes (incapacité) peut empêcher la personne de se rendre à pied à la banque (limitation d’activité), ce qui, en retour, peut nuire à la gestion des finances du ménage (restriction de participation). La stigmatisation liée à la séropositivité peut entraîner l’exclusion de l’équipe de football (restriction de participation) qui réduit l’activité physique (limitation d’activité) et peut aboutir à une baisse de l’endurance et de la force (incapacité) |
7 |
Les facteurs contextuels influencent ou forgent les expériences personnelles relatives aux impacts de ces problèmes de santé sur la vie. Les facteurs environnementaux font partie des attitudes et de l’environnement physique et social propres au milieu dans lequel vivent les gens (p.ex., stigmatisation face au VIH, présence d’escaliers plutôt que de rampes à l’extérieur d’une clinique, lois qui criminalisent certains comportements liés au VIH). Ces facteurs contextuels incluent les déterminants sociaux de la santé (p. ex., hébergement, sécurité alimentaire et accès à l’emploi). Les facteurs personnels sont propres à chaque individu (p. ex., genre, âge, capacité d’adaptation, éducation et antécédents médicaux). |
1 Organisation mondiale de la santé: International Classification of Functioning, Disability and Health (ICF) – Geneva. 2001.
2 Myezwa H, Stewart A, Musenge E, Nesara P. Assessment of HIV-positive in-patients using the International Classification of Functioning, Disability and Health (ICF), at Chris Hani Baragwanath Hospital, Johannesburg. AJAR. 2009; 8(1):93-106.
3 Myezwa H, Buchalla C, Jelsma J, Stewart A. HIV/AIDS: use of the ICF in Brazil and South Africa –comparative data from four cross-sectional studies. Physiotherapy. 2011;97(1):17-25.
4 Van As M, Myezwa H, Stewart A, Maleka D, Musenge E. The International Classification of Function Disability and Health (ICF) in adults visiting the HIV outpatient clinic at a regional hospital in Johannesburg, South Africa. AIDS Care. 2009;21(1):50-8. PubMed PMID:19085220.